Surtourisme : 5 destinations de cet été 2025 victimes de leur succès

Surtourisme été 2025

À retenir

  • Le surtourisme menace les plus belles destinations mondiales
  • Venise, Santorin et Barcelone en tête des lieux saturés
  • 2025 s’annonce critique pour les sites emblématiques
  • Des alternatives existent pour voyager autrement
  • Le tourisme responsable devient une nécessité

Les vacances incarnent souvent une promesse de déconnexion, d’évasion, de beauté. Pourtant, cette parenthèse idéale peut rapidement tourner à l’enfermement dans une foule compacte, à la file d’attente interminable devant un panorama autrefois paisible, à l’inconfort généralisé. L’affluence démesurée des visiteurs dans certains lieux du monde crée une pression telle qu’elle transforme ces joyaux en terrains de consommation touristique aveugle. Cette dynamique, connue sous le nom de surtourisme, dépasse désormais le simple désagrément pour devenir un enjeu culturel, environnemental et social majeur.

Le surtourisme se manifeste lorsqu’un lieu accueille un volume de touristes supérieur à sa capacité d’absorption, menaçant la qualité de vie des résidents, l’équilibre écologique, et l’intégrité du patrimoine. Le phénomène n’est pas nouveau, mais l’été 2025 semble marquer un tournant. Entre la reprise mondiale post-crise, la généralisation des voyages à bas coût, et l’obsession de certains pour les destinations dites “Instagrammables”, plusieurs villes et régions se retrouvent à nouveau débordées. Les politiques de régulation peinent à freiner les flux, les infrastructures se fragilisent, et les habitants expriment leur saturation.

J’ai sélectionné sept destinations emblématiques particulièrement concernées cette année. Certaines sont des incontournables, d’autres des paradis en péril. À travers mon expérience personnelle, mes observations et mes rencontres, je vous propose un regard plus lucide sur ces lieux adulés mais fragilisés, ainsi que des pistes concrètes pour renouer avec un tourisme plus respectueux.

Venise, Italie : la Sérénissime asphyxiée par ses admirateurs

Venise Hotel
Venise Hotel

 

Je me souviens encore de cette première traversée en vaporetto sur la lagune, les palais pastel se reflétant dans l’eau, le silence étrange des ruelles vides au petit matin. Venise, dans sa beauté suspendue, fascine à juste titre. Mais cette magie, aujourd’hui, se mérite au prix d’une patience inépuisable et d’une tolérance accrue à la promiscuité. Au cœur de l’été, les ruelles deviennent impraticables, les ponts ploient sous les pas et les gondoles semblent elles aussi embouteillées. À tel point que l’on en oublie presque l’âme mystérieuse de la ville.

Les Vénitiens eux-mêmes peinent à y vivre. La flambée des loyers, l’essor des locations touristiques, la disparition des commerces de quartier au profit de vitrines stériles… tout cela contribue à vider la ville de ses habitants. La Sérénissime se transforme lentement en décor de cinéma permanent, figée dans un simulacre pour visiteurs pressés. L’environnement lagunaire, quant à lui, souffre d’une fragilité exacerbée par les allers-retours des bateaux de croisière géants, malgré les interdictions.

Et pourtant, Venise peut encore s’apprécier autrement. J’ai adoré me perdre dans les îles moins fréquentées comme Burano, avec ses maisons aux couleurs vives, ou Torcello, où flotte encore le parfum du Moyen Âge. Éviter les heures de pointe, choisir des hébergements gérés par des familles locales, s’intéresser aux artisanats oubliés plutôt qu’aux gadgets en plastique… C’est ainsi que la ville se révèle, lentement, dans un chuchotement de pierre et d’eau.

Santorin, Grèce : carte postale sous tension

 

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Santorin, c’est ce cliché parfait : maisons blanches, dômes bleus, lumière dorée sur la caldeira. Mais à Oia, au moment du coucher du soleil, on se croirait dans une salle de concert en surcapacité. Les balustrades croulent sous les téléphones levés, les ruelles deviennent des couloirs de métro, et la contemplation se transforme en performance. Lors de mon dernier passage, j’ai été frappée par la tension palpable, le stress des visiteurs en quête de la photo parfaite, et les regards épuisés des locaux.

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Les problèmes ne s’arrêtent pas à l’afflux. L’île souffre d’une pénurie chronique d’eau douce, d’une gestion des déchets défaillante et d’une multiplication de constructions qui enlaidissent les paysages et grignotent les espaces naturels. L’environnement n’est pas le seul en péril. Le coût de la vie s’envole, et l’authenticité s’érode.

Heureusement, l’archipel des Cyclades regorge de pépites plus discrètes. À Sifnos, j’ai retrouvé une atmosphère sereine, une cuisine raffinée et des plages désertes. Folegandros m’a séduite par sa sobriété élégante, ses villages blancs sans artifice. Et Milos, avec ses criques sculptées, offre une alternative spectaculaire à la foule de Santorin. Il suffit parfois d’un ferry de plus pour changer de monde.

Barcelone, Espagne : le génie catalan sous pression

 

Barcelone a toujours su conjuguer architecture, art de vivre et énergie créative. Mais cette ville, que j’ai longtemps adorée pour son dynamisme, devient de plus en plus difficile à fréquenter en été. Les Ramblas débordent, les trottoirs du Born et du Gòtic sont pris d’assaut, et même le calme apparent du Parc Güell se révèle illusoire. Au-delà des foules, c’est une autre réalité qui m’a marquée : celle des habitants en colère, des façades taguées d’inscriptions contre les touristes, des rideaux de fer tirés sur les commerces traditionnels.

La prolifération des logements Airbnb transforme des quartiers entiers en parcs d’attractions. La gentrification chasse les résidents historiques. Et les infrastructures peinent à suivre, avec des tensions sur les réseaux de transport et les services publics. Malgré tout, Barcelone conserve un magnétisme rare. Il suffit de s’éloigner du centre pour le ressentir à nouveau.

Zones à éviterAlternatives recommandées
Barri GòticGràcia ou Poble-sec pour une ambiance plus locale
La RamblaPromenades au bord de mer vers Poblenou
Plage de BarcelonetaPlage de Ocata ou Sitges à 30min de train

J’ai trouvé dans les quartiers périphériques une forme de Barcelone plus sincère. Moins tapageuse, plus généreuse. Et dans les villes voisines comme Valence ou Bilbao, des équilibres encore préservés, où le visiteur est accueilli sans méfiance.

Dubrovnik, Croatie : une vieille ville en sursis

Longtemps ignorée, la Perle de l’Adriatique s’est hissée en quelques années au rang des destinations méditerranéennes les plus convoitées. Lorsque j’ai découvert Dubrovnik pour la première fois, la ville m’est apparue comme une forteresse intacte, un écrin de pierre glissant lentement dans la mer. Les remparts, la blancheur de la pierre, la transparence de l’eau… L’ensemble tenait de l’irréel. Mais aujourd’hui, marcher dans ses ruelles revient à évoluer dans une marée humaine continue, et la sensation d’étouffement prend rapidement le dessus sur l’émerveillement.

La faute à un tourisme croissant, en partie alimenté par le succès de la série Game of Thrones, dont la vieille ville a servi de décor principal. Les paquebots de croisière déversent quotidiennement des milliers de passagers pour des escales express. L’usure du patrimoine est visible, tangible. Les pavés glissent, les murs s’écaillent, les regards des habitants sont las. J’ai parlé avec une commerçante du centre qui, chaque été, quitte la ville pour s’éloigner de ce flux constant. « Nous ne vivons plus ici, nous survivons », m’a-t-elle dit, sans amertume mais avec lassitude.

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Pourtant, Dubrovnik conserve une forme de noblesse, à condition de la rencontrer autrement. J’ai arpenté les remparts au lever du jour, seul moment où le silence redonne leur majesté aux toits ocres et aux clochers. J’ai aussi exploré la côte croate plus largement, découvrant Split, vivante et authentique, Zadar et ses installations artistiques marines, ou encore les îles de Korčula et Vis, épargnées par l’agitation. Ces détours m’ont révélé une Croatie plus discrète, plus ouverte, plus généreuse aussi.

Kyoto, Japon : la mémoire délicate menacée par l’indélicatesse

Il y a une émotion particulière à se promener dans Gion à la tombée du jour, lorsque les lanternes s’allument et que les sons s’estompent. Mais ce quartier, jadis empreint de sérénité, se retrouve aujourd’hui perturbé par une présence touristique mal préparée. J’ai été témoin d’une scène particulièrement dérangeante : une jeune Maiko encerclée par une foule de téléphones, assaillie de flashs comme une star de cinéma en fuite. Le Japon n’est pas seulement une destination : c’est un monde de codes, de retenue, de respect des formes. Et c’est précisément cela qui semble s’effriter à mesure que les foules se densifient.

Les temples les plus renommés comme le Kinkaku-ji ou le Fushimi Inari-taisha accueillent des flux incessants, transformant les lieux de méditation en galeries à ciel ouvert. Les jardins sont piétinés, les habitants excédés, et même les responsables culturels alertent sur la perte de sens de l’expérience kyotoïte. Je me suis sentie étrangère à cette cacophonie, cherchant un souffle d’harmonie dans un environnement saturé.

Mais Kyoto offre aussi, pour qui prend le temps de chercher, des refuges intimes. À l’aube, les temples sont encore baignés de silence. Les sentiers autour du Philosopher’s Path révèlent des sanctuaires secrets. En m’éloignant vers Arashiyama, j’ai découvert des recoins paisibles, où le bambou dialogue encore avec le vent. Et au-delà de Kyoto, des villes comme Kanazawa ou Nara m’ont offert une immersion authentique dans la culture japonaise, loin des circuits surmédiatisés.

La Côte amalfitaine, Italie : le joyau méditerranéen à saturation

Il m’est arrivé d’attendre plus d’une heure sur une route suspendue à flanc de falaise, coincée entre un bus de touristes et une file interminable de voitures en location. Ce jour-là, j’ai compris que la Côte amalfitaine ne supportait plus sa propre renommée. Positano, Ravello, Amalfi… Ces noms évoquent l’élégance italienne, les paysages vertigineux, les citronniers à perte de vue. Mais l’expérience est aujourd’hui rythmée par les klaxons, les files d’attente et la quête désespérée d’un emplacement pour se garer.

Les infrastructures locales, conçues pour des villages de pêcheurs, ploient sous l’afflux estival. L’eau manque, les déchets s’accumulent, les plages sont envahies dès les premières lueurs. Les locaux désertent les centres historiques, épuisés par la hausse des prix et la disparition des espaces de vie au profit des hébergements saisonniers. La Côte, autrefois refuge de l’aristocratie discrète, devient vitrine d’un tourisme de masse parfois clinquant.

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Pourtant, à quelques kilomètres à peine, un autre Sud italien se révèle. Dans les Pouilles, j’ai découvert une hospitalité simple, des villages accrochés à des falaises brutes, des plages secrètes accessibles uniquement à pied. Plus au sud encore, en Calabre, les villages de montagne ouvrent sur des panoramas infinis, loin des foules, où l’on entend encore le chant des cigales.

Amsterdam, Pays-Bas : saturation au fil des canaux

 

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Amsterdam, pour moi, fut longtemps une ville de flânerie, de réflexion, d’intimité. Aujourd’hui, le centre historique est devenu une scène permanente. Le Quartier Rouge ressemble davantage à une foire nocturne qu’à une rue. Les coffee shops sont pris d’assaut, les canaux se heurtent à un trafic incessant de bateaux touristiques, et la ville semble peiner à retrouver son rythme originel. Même les vélos, jadis emblèmes de sa douceur de vivre, deviennent dangereux dans une densité qui frôle l’absurde.

Les habitants expriment un ras-le-bol généralisé. Le coût du logement explose, les comportements irrespectueux se multiplient, et les nuisances nocturnes détériorent les équilibres sociaux. Une municipalité en alerte tente tant bien que mal de canaliser le phénomène : interdiction des groupes dans certaines zones, fermetures de commerces touristiques, encouragement à explorer d’autres lieux. Mais l’image d’Amsterdam comme capitale festive et libérale continue d’attirer un public peu concerné par sa culture subtile.

Pour moi, le salut s’est trouvé à Utrecht, à Rotterdam, ou à La Haye, villes pleines de caractère, riches en art, en histoire, en gastronomie. J’y ai retrouvé cette atmosphère néerlandaise faite de modestie et d’intelligence urbaine. Même au sein d’Amsterdam, certains quartiers périphériques restent de formidables havres de créativité. Encore faut-il accepter de ne pas tout voir, de ne pas tout cocher.

L’indispensable mutation de notre façon de voyager

Ces sept destinations n’ont pas perdu leur beauté. Elles souffrent seulement d’un trop-plein d’amour mal exprimé. Ce qui frappe, c’est que chacune propose encore une expérience unique – mais seulement à condition de l’aborder avec respect, patience et humilité. Le tourisme de 2025 n’a plus rien d’innocent. Il engage notre responsabilité collective. Voyager, aujourd’hui, ne signifie plus simplement partir. Cela signifie choisir. Choisir comment, quand, pourquoi et avec quel impact.

J’invite à renverser la perspective : préférer l’intensité d’un moment rare à la frénésie de l’accumulation. Opter pour la profondeur plutôt que la surconsommation visuelle. S’intéresser aux visages, aux savoir-faire, aux histoires. Il ne s’agit pas de renoncer aux destinations célèbres, mais d’en redessiner l’approche. De leur rendre leur humanité, leur silence, leur souffle.

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