À retenir
• La Corse cache des cascades spectaculaires loin des foules
• Le printemps révèle ces joyaux dans toute leur splendeur
• L’équipement de randonnée est essentiel pour certaines d’entre elles
• Respect absolu de la nature sur chaque sentier
• Certaines cascades sont idéales pour la baignade
• Les paysages sont aussi impressionnants que variés
• Certaines randonnées nécessitent un bon niveau physique
• De nombreuses cascades se trouvent près de lieux incontournables
Un voyage au cœur de l’eau vive corse

La Corse ne se raconte pas, elle se traverse, elle se ressent, elle se respire. Cette île montagneuse posée sur la Méditerranée, dramatique dans ses reliefs et douce dans ses lumières, offre une géographie contrastée d’une richesse rare. Montagnes granitiques, forêts denses, rivières cristallines et vallées secrètes composent un tableau sauvage, souvent inaccessible, toujours fascinant. J’ai longtemps sillonné ses routes, des criques désertes aux sommets silencieux, mais ce sont ses cascades qui m’ont véritablement marquée. Des filets d’eau délicats ou des chutes vertigineuses, nichées dans l’écrin vert d’une nature farouche, ces merveilles d’altitude sont bien plus que de simples points d’eau. Ce sont des destinations à part entière, des havres de fraîcheur et d’évasion, accessibles parfois au prix de l’effort, mais toujours récompensés par une émotion pure. Cet article est né de cette passion : vous faire découvrir les 7 plus belles cascades de Corse, chacune unique, chacune porteuse d’un instant suspendu.
Préparer l’ascension des eaux
Avant d’emprunter les sentiers vers ces merveilles naturelles, mieux vaut s’armer de patience et surtout de bon sens. Certaines cascades corses se laissent approcher facilement, d’autres exigent endurance, sens de l’orientation et une vigilance accrue. Pour toutes, le minimum vital reste identique : une paire de chaussures de randonnée éprouvée, un sac léger avec une gourde bien remplie, de la crème solaire, une casquette et un pique-nique préparé avec soin. En été, j’y ajoute systématiquement un maillot et une serviette, car rien ne vaut une baignade dans ces vasques d’eau glacée pour récompenser l’effort.
Certains sentiers s’effacent sous les pas, notamment au printemps lorsque la végétation reprend ses droits. Vérifier la météo reste crucial : après de fortes pluies, le débit peut devenir dangereux. En terrain glissant ou en altitude, il m’arrive souvent de rebrousser chemin si les conditions ne sont pas réunies. En Corse, la nature impose ses règles, et il serait fou de vouloir les contourner. On ne prélève rien, on ne jette rien, on respecte le silence, les rochers et la lumière. C’est à ce prix que la magie opère.
Entre torrents et parois : sept joyaux d’eau vive
Cascade des Anglais – un classique accessible au cœur de Vizzavona

Au creux de la forêt de Vizzavona, là où le GR20 trace son sillage à travers les pins laricio, coule une série de petites merveilles : les vasques de la cascade des Anglais. Ce nom pittoresque hérité des premiers randonneurs britanniques cache un site très prisé par les familles. J’y suis venue un matin d’août, peu avant l’arrivée de la foule, et le calme des lieux, traversé par le chant régulier de l’eau sur la roche, m’a enveloppée d’une sérénité rare.
L’accès est d’une simplicité désarmante : un petit parking en bord de route, une marche courte sur un sentier bien balisé, et voilà le visiteur plongé dans un havre d’ombre et de fraîcheur. Les vasques, creusées par la rivière Agnone, offrent un terrain de jeu parfait pour les enfants comme pour les amateurs de farniente. En remontant légèrement le cours d’eau, quelques bassins plus secrets se dévoilent à qui prend le temps. Une halte ici prolonge naturellement vers le col de Vizzavona ou les sentiers plus engagés du GR20.
Piscia di Gallo – vertige et granit rose près de Zonza
Dans le massif de l’Ospedale, entre forêts de pins et falaises ocres, s’élance l’une des chutes les plus spectaculaires de l’île : la cascade de Piscia di Gallo. Sa verticalité impressionne, avec plus de 60 mètres de chute, dans un décor presque minéral. Le contraste entre la végétation méditerranéenne et la roche brute lui donne un cachet saisissant. J’y ai ressenti cette puissance sauvage typiquement corse, indomptée et hypnotique.
La marche commence près du lac de l’Ospedale, sur un sentier qui alterne passages en forêt et panoramas plongeants. Certains tronçons, notamment sur la fin, peuvent être glissants, et la prudence est de mise. Un parking payant organise les flux, mais tôt le matin, j’ai souvent trouvé la quiétude recherchée. Une fois sur place, l’adrénaline de la descente laisse place à la contemplation silencieuse. À proximité, les Aiguilles de Bavella dressent leurs dents rocheuses, promesse d’autres aventures vertigineuses.
Purcaraccia – toboggans naturels au cœur de Bavella

J’ai longtemps hésité avant d’emprunter le sentier vers les cascades de Purcaraccia. Réputées difficiles d’accès, elles se méritent, mais elles en valent chaque goutte de sueur. Le départ se situe à quelques kilomètres du col de Bavella, et la montée, bien que courte, nécessite mains, pieds et sens du terrain. L’effort est intense, surtout sous le soleil, mais l’arrivée dépasse toutes les attentes : une succession de toboggans naturels, de vasques limpides et de glissières granitiques sculptées par le temps.
Les amateurs de canyoning s’y donnent rendez-vous, mais j’y ai préféré la baignade et l’exploration douce. Le cadre est féérique, presque irréel, comme suspendu hors du monde. Chaque vasque offre un miroir au ciel, chaque chute une musique unique. Pour une découverte en toute sécurité, un guide n’est pas superflu, surtout si l’on souhaite s’aventurer au-delà des premiers bassins. Le Trou de la Bombe et les aiguilles proches sont un complément parfait à cette excursion exigeante.
Voile de la Mariée – élégance liquide dans la forêt d’Aïtone
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La forêt d’Aïtone, avec ses pins laricio aux troncs verticaux, est un univers de silence et de fraîcheur. C’est ici que la cascade du Voile de la Mariée se déploie avec une grâce rare, fine traînée d’eau effleurant la roche dans une chorégraphie lente. Je m’y suis arrêtée lors d’un trajet entre Porto et Evisa, guidée par le murmure de l’eau autant que par le nom poétique de cette chute.
L’accès est presque immédiat, depuis la route D84. Le site ne réclame ni effort ni carte, et c’est peut-être pour cela qu’il m’a tant touchée : la beauté sans condition, offerte à tous. Quelques vasques plus bas offrent une halte idéale pour tremper les pieds ou faire une sieste à l’ombre. Plus loin, les gorges de la Spelunca et le village d’Évisa complètent le décor, comme autant de chapitres d’un même récit d’altitude.
Bergerie de Vaccaghja – solitude d’altitude dans la vallée de la Restonica
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La vallée de la Restonica est une ode à la verticalité et à l’eau vive. En remontant depuis Corte, la route étroite grimpe entre les parois, frôle les torrents, puis laisse place à des sentiers escarpés menant vers les lacs de Melo et Capitello. Sur ce chemin, moins fréquentée, une série de cascades dévale entre les rochers, ponctuant la montée de pauses enchantées. Celle qui borde la bergerie de Vaccaghja est l’une de mes préférées.
Le chemin, parfois raide, traverse une succession de paysages superposés : hêtraies denses, pierriers, pelouses alpines. Les cascades y surgissent comme des ponctuations naturelles, aussi esthétiques qu’apaisantes. Cette étape, au-delà de son intérêt paysager, offre aussi un moment de calme, loin des sentiers battus. La citadelle de Corte et les lacs suspendus ne sont qu’à quelques heures de marche, mais ce recoin suffit à lui seul à justifier l’effort.
Tête du Lion – mystère sauvage dans le canton du Tallano
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Il faut parfois sortir des sentiers touristiques pour toucher l’essence d’un lieu. La cascade de la Tête du Lion, perdue dans les environs de Sainte-Lucie de Tallano, en est un parfait exemple. Son nom provient des formes rocheuses qui semblent dessiner le profil d’un fauve veillant sur son domaine. Peu fréquentée, la chute coule dans une gorge encaissée, bordée de maquis et de silence.
La marche, modérément difficile, se mérite et nécessite de s’informer localement sur les accès, parfois modifiés par les crues ou la végétation. C’est là tout son charme : l’impression de découverte, l’absence de balisage trop visible, l’ombre dense du maquis. La région de l’Alta Rocca, avec ses villages de pierre et ses vues plongeantes, constitue un écrin parfait pour cette excursion en marge.
Richiusa – adrénaline et baignade près de Bocognano
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À deux pas de Bocognano, dans un décor minéral sculpté par les siècles, les gorges de la Richiusa déroulent leurs cascades discrètes, connues surtout des amateurs de canyoning. J’ai découvert ce site au cœur de l’été, accompagnée d’un guide, et l’expérience fut autant sportive que sensorielle. Entre descentes en rappel et glissades dans les vasques, le corps entier s’immerge dans la montagne.
Pour ceux qui souhaitent une approche plus douce, certaines parties sont accessibles à pied, sans matériel. On peut y trouver des bassins calmes, loin des groupes, et profiter de la force de l’eau sans risque. Le Pont de la Richiusa et le village tout proche offrent de beaux points de vue, et une halte au village permet de goûter la charcuterie locale après l’effort.
Ces cascades corses sont plus que de simples lieux de passage : elles incarnent l’âme sauvage de l’île. Entre effort et émerveillement, chaque chute d’eau est une invitation à ralentir, à ressentir et à respecter. Les chemins qui y mènent racontent autant d’histoires que les eaux qu’ils croisent, et la diversité des ambiances reflète parfaitement l’identité multiple de la Corse. Pour celles et ceux qui cherchent à s’extraire du tumulte, la route vers ces cascades offre bien plus qu’un panorama : une rencontre vraie avec la nature dans sa plus belle expression.

Amoureuse et dénicheuses de lieux d’exception