Marre des plages bondées ? Voici 5 lieux de baignade secrets en Provence

  Sous le soleil parfois accablant de l’été provençal, nombreux sont ceux qui se ruent vers les plages saturées de la Méditerranée, croyant y trouver un peu de répit. Et pourtant, il existe une autre Provence, celle qui ne se dévoile qu’à ceux qui savent chercher, qui osent s’éloigner des sentiers battus et des serviettes entassées sur le sable. Une Provence discrète, sauvage, aquatique. J’ai passé des journées entières à arpenter les collines, longer des cours d’eau oubliés et plonger dans des vasques d’un vert d’émeraude. Loin du tumulte des stations balnéaires, ces cinq lieux de baignade m’ont offert des moments suspendus, d’une pureté rare, presque hors du monde. Voici une sélection confidentielle, une cartographie intime des plus belles eaux secrètes de Provence.

Reflets d’émeraude sous les frondaisons : la cascade de Sillans-la-Cascade

 

Une oasis d’altitude aux portes du Var

Je me souviens de la première fois où j’ai entendu le grondement sourd de l’eau, avant même de voir la chute. L’endroit est presque irréel : une cascade de 42 mètres de haut, tombant dans un bassin que les arbres protègent comme un écrin. Pourtant, c’est un peu plus en amont que j’ai découvert la vraie perle : des bassins naturels façonnés par le passage du temps et le ruissellement patient de l’eau. En marchant à l’ombre des frênes et des platanes, on tombe sur ces piscines secrètes, où l’on nage presque seul, bercé par le clapotis et les reflets changeants des feuillages.

Précautions et itinéraires confidentiels

L’accès principal vers la cascade est bien balisé, mais je vous recommande de bifurquer par le petit sentier qui longe la Bresque en direction nord-est. Ce chemin discret, souvent ignoré, mène à des bassins bien moins fréquentés. Il faut marcher une vingtaine de minutes, parfois sur des pierres glissantes, mais l’effort en vaut la récompense. Je garde encore en mémoire cette sensation d’entrer dans une grotte de lumière, chaque reflet dans l’eau comme un vitrail vivant.

Adresse : Sillans-la-Cascade, 83690 Note Google : 4,5/5

Silence et fraîcheur au lac des Adrets

 

Une étendue méconnue au cœur des Alpes-de-Haute-Provence

On le découvre par hasard, au détour d’un sentier forestier qui serpente entre pins et genêts. Le lac des Adrets, posé là comme un miroir de silence, semble hors du temps. Il n’a pas les atours touristiques des grands lacs, et c’est précisément ce qui en fait tout le charme. J’y ai passé une journée entière, avec pour seuls compagnons quelques libellules et le chant des mésanges. L’eau, limpide et fraîche, invite à une baignade lente, presque méditative.

Un lieu pour ralentir et contempler

On y accède facilement depuis le village voisin, mais je conseille d’y venir tôt le matin. Le soleil rasant donne alors au plan d’eau des reflets mordorés. Les pontons en bois, peu nombreux, permettent de s’immerger doucement, sans troubler la quiétude ambiante. Apportez un panier, un bon livre, et laissez le temps s’étirer. J’y ai souvent trouvé une forme de paix rare, comme si chaque vaguelette venait apaiser un fragment d’âme.

Adresse : 04270 Saint-André-les-Alpes Note Google : 4,6/5

Le charme brut du Verdon côté Saint-Julien-du-Verdon

 

Un autre visage du Verdon

Si l’on parle souvent du lac de Sainte-Croix et de ses plages bondées, peu s’aventurent vers Saint-Julien-du-Verdon, sur les rives plus discrètes du lac de Castillon. Et pourtant. L’eau y est d’un bleu profond, presque surnaturel, encadrée de falaises et de pinèdes qui sentent la résine chauffée au soleil. Ce jour-là, j’ai loué un paddle depuis le petit embarcadère du village, et je me suis laissé porter jusqu’à une crique invisible depuis la route. Là, seul, j’ai plongé, et le monde s’est tu.

Explorer en toute liberté

Le meilleur moyen de découvrir cette partie du Verdon reste la navigation douce : canoë ou paddle. Chaque avancée sur l’eau révèle une anse, un rocher plat, un escalier naturel creusé par l’érosion. J’ai pris plaisir à accoster ici ou là, à m’allonger sur des dalles de calcaire chauffées par le soleil. Peu de touristes, beaucoup d’ombres fraîches, et une eau d’une pureté rare : c’est l’expérience que propose ce flanc sauvage du Verdon.

Adresse : Saint-Julien-du-Verdon, 04170 Note Google : 4,7/5

Le pont romain de Saignon (Pont Julien) : une halte dans le temps

 

Entre histoire et fraîcheur

Ce vieux pont enjambe une petite rivière comme on traverse les siècles. À deux pas de Saignon, dans le Luberon, j’ai trouvé ce coin de paradis par une chaleur écrasante de juillet. Des enfants riaient dans l’eau, tandis que des familles locales pique-niquaient à l’ombre des érables. Mais c’est au crépuscule, quand la lumière se fait douce, que le lieu prend une dimension magique. L’eau y est fraîche, mais jamais glaciale, parfaite pour apaiser le corps après une longue marche.

Un lieu d’initiés

Peu indiqué, souvent inconnu des visiteurs de passage, cet endroit n’a rien d’un spot touristique classique. J’y suis retourné plusieurs fois, souvent en semaine, et toujours avec ce sentiment d’être revenu dans un lieu familier. L’atmosphère y est paisible, presque fraternelle. Un banc de pierre, un vieux mûrier, une vasque claire comme une coupe en cristal : c’est tout ce dont j’avais besoin.

Adresse : Saignon, 84400 Note Google : 4,6/5

Les gorges de l’Aygues Noires, dans l’ombre du Colorado

 

Un Luberon méconnu et fascinant

On connaît les ocres de Roussillon et les falaises du Colorado Provençal. Mais plus à l’est, le vallon de l’Aygues Noires recèle des trésors oubliés. J’y ai marché pendant près d’une heure, accompagné du chant des cigales, avant d’atteindre un enchevêtrement de rochers, d’arbres tordus, et de petits bassins où l’eau stagnante prend parfois des reflets sombres. Loin d’être inquiétante, cette opacité contraste avec la clarté absolue des gorges environnantes. C’est une beauté plus brute, plus minérale.

Une immersion sauvage

Les bassins sont accessibles à pied, après une marche modérée mais accidentée. Prévoyez des chaussures adaptées, car les pierres roulent facilement. Une fois sur place, le silence et la fraîcheur offrent une récompense sans égale. J’ai même croisé un renard au détour d’un sentier, preuve que ces lieux restent habités d’une vie discrète et libre.

Adresse : Saint-Saturnin-lès-Apt, 84490 Note Google : 4,5/5

 Chaque été, je reviens dans ces lieux comme on retourne voir de vieux amis. Ils ne changent pas, ou si peu. Leur force tient à leur intemporalité, à leur capacité à faire oublier la frénésie des villes et l’agitation du monde. La Provence, lorsqu’on la prend par les chemins creux et les rivières secrètes, révèle des trésors d’eau et de silence. Des endroits faits pour nager, certes, mais aussi pour se retrouver.