Les 10 plus belles plages des Bouches-du-Rhône en 2025 selon les locaux

Rares sont les régions françaises capables de conjuguer une telle puissance minérale à l’élégance douce du sable et du sel. Dans les Bouches-du-Rhône, la mer ne se contente pas de lécher les rivages ; elle cisèle, modèle, révèle une côte d’une diversité presque irréelle. Des calanques abruptes de Marseille aux plages camarguaises égarées dans le vent, j’ai arpenté ces paysages contrastés avec une ferveur presque silencieuse. J’y ai trouvé des décors si puissants qu’ils semblent sculptés pour défier l’imaginaire, et des recoins de nature si intimes qu’ils se murmurent plus qu’ils ne se racontent.

Les calanques : cathédrales de roche et bassins de lumière

Je me souviens de ma première descente vers la Calanque d’En-Vau. Au départ du sentier de Port-Miou, tout semble anodin. Les pins résistent au soleil, le sol caillouteux bruisse sous mes pas, puis la roche s’ouvre, dévoile un amphithéâtre naturel d’une verticalité saisissante. Les parois calcaires, blanches comme de l’ivoire, tranchent le ciel, tandis qu’à leurs pieds, l’eau se tend, turquoise, limpide, presque irréelle. Il faut du mérite pour y accéder, mais ce silence, cet éclat brut de beauté, récompensent chaque pas.

La Calanque de Port-Pin, voisine plus accessible, déroule un autre récit. Moins abrupte, plus accueillante, elle s’offre aux familles comme une crique confidentielle. L’eau y est d’un calme trompeur, attirante comme un verre givré un jour de canicule. Entre ces deux-là, l’une royale et l’autre intime, je n’ai jamais su choisir.

Plus près de Marseille, la Calanque de Sormiou m’a toujours évoqué un mirage provençal. On y accède à pied, parfois en voiture hors saison. Les cabanons y alignent leur simplicité face à la mer, dans un théâtre sans rideaux. L’ambiance y est douce, méditative, presque suspendue. J’ai passé des heures à contempler les reflets des barques sur le miroir de la mer, tandis que le vent déplaçait lentement l’ombre des pins.

Et puis il y a cette crique secrète au nom insolent : la Baie des Singes. Perdue aux confins des Goudes, elle m’a donné la sensation d’avoir quitté la France, d’être arrivée quelque part au bord du monde. L’accès est sinueux, le stationnement hasardeux, mais quelle récompense. Le silence y est sacré, seulement troublé par les plongeons discrets d’initiés. Une table en bois, un verre de rosé bien frais, et l’impression de flotter hors du temps.

Enfin, il faut embarquer pour les îles du Frioul et découvrir les petites calanques de Pomègues ou du Grand Soufre. Face à la frénésie urbaine, cet archipel se présente comme une parenthèse. L’aridité des sols, le vol des goélands et les plages confidentielles y composent un monde en marge, idéal pour qui cherche le silence, l’épure, la mer sans bruit.

Plages pratiques : entre ambiance estivale et accès facilité

Tout le monde ne vient pas chercher la solitude farouche des calanques. Certains jours, j’ai aimé retrouver le confort simple d’une plage aménagée, surveillée, vivante. À Marseille, la Plage du Prophète reste une valeur sûre. Sa pente douce rassure les familles, tandis que le terrain de volley et la buvette animent les après-midis. Malgré sa fréquentation dense en été, elle conserve ce charme marseillais : populaire, accueillant, enjoué.

En continuant le littoral, la Plage des Catalans, proche du centre-ville, offre un autre décor. J’y ai nagé un matin de septembre, seul dans une mer d’huile, avec pour seule compagnie la silhouette du Château d’If sur l’horizon. Entre deux séances de bronzage, les habitués y échangent des histoires avec cette gouaille méditerranéenne qui fait sourire sans prévenir.

Plus loin, Cassis propose une alternative élégante avec la Grande Plage et celle du Bestouan. La première, ourlée de sable et d’animation, regarde le port et le château d’un œil bienveillant. L’autre, de galets blancs, s’enroule au pied du Cap Canaille et me semble taillée pour ceux qui cherchent à s’évader sans s’exiler. Stationnement aisé, restauration à proximité, vue spectaculaire : tout y est.

Beautés à l’état brut : le souffle de la Camargue

Changer de décor, c’est longer le Rhône et atteindre Saintes-Maries-de-la-Mer. Là, la Plage du Crin Blanc s’étend sans retenue. Le sable y est fin comme de la farine, les chevaux camarguais parfois visibles à l’horizon, les dunes immaculées. Un vent permanent souffle sur ce bout du monde, et le soleil, implacable, embrase le sel. Pas de parasol, pas de musique : uniquement l’espace, l’immensité, et cette sensation rare de liberté.

Un peu plus loin, la Plage de Piémanson fait figure de dernière frontière. Des kilomètres de plage sauvage, sans autre présence qu’un horizon dégagé et le cri des mouettes. J’y suis allée à l’aube. Seule face au vent, j’ai marché longtemps, les pieds dans une mer fraîche, la tête allégée par tant de vide. C’est un endroit pour ceux qui veulent entendre leur propre silence.

Secrets bien gardés du littoral

Parfois, ce sont les plages les moins évoquées qui offrent les moments les plus mémorables. À Sausset-les-Pins, j’ai découvert la Plage du Four à Chaux, discrète et bordée de pins. L’eau y est si claire qu’on aperçoit les oursins sans masque. Le vent y joue avec les branches, les familles y viennent à vélo, et tout semble y couler à un rythme ralenti.

À La Ciotat, la Calanque de Figuerolles frappe par son décor minéral : des roches aux formes presque sculpturales, une mer profonde aux reflets métalliques, et une atmosphère de bout du monde. Les amateurs de plongée y trouvent leur paradis, tout comme les photographes. Une baignade ici, c’est comme s’enfoncer dans un tableau en relief.

Enfin, il serait impensable d’omettre la Plage de l’Arène à Cassis. Sauvage, bordée de falaises, elle s’adresse à ceux qui cherchent la quiétude. J’y suis restée une journée entière, abritée sous un pin solitaire, observant les cormorans et les allées-venues des kayaks au loin. Une journée sans montre, sans musique, sans autre nécessité que d’être là.

Conseils avisés pour une escapade réussie

Dans ces territoires souvent protégés, tout ne s’improvise pas. Les calanques de Marseille-Cassis sont désormais soumises à une réservation obligatoire durant l’été. Je recommande vivement de consulter les quotas journaliers, sans quoi l’accès vous sera refusé à l’entrée des sentiers. Mieux vaut partir tôt, prévoir de bonnes chaussures, de l’eau en quantité, et éviter les heures les plus chaudes.

En Camargue, certaines routes sont des pistes, et les parkings peuvent être éloignés des plages. J’ai appris à préférer le vélo ou les départs matinaux. Le vent y souffle fort, l’ombre rare, mais l’expérience est intensément sensorielle.

Enfin, je tiens à insister sur la fragilité de ces lieux. Ramener ses déchets, éviter les feux, respecter la faune, c’est préserver ce qui fait la magie du littoral des Bouches-du-Rhône. Ces plages ne sont pas des décors, ce sont des milieux vivants, parfois menacés, toujours précieux.

Rares sont les régions qui concentrent en si peu de kilomètres une telle richesse de paysages et d’ambiances. Les Bouches-du-Rhône, avec leurs plages sculptées par le vent et la lumière, m’ont offert l’une des plus belles immersions littorales de ma vie. Entre criques secrètes, étendues de sable blond, calanques vertigineuses et cabanons silencieux, j’ai parcouru une mosaïque d’émotions. Si votre cœur balance entre nature brute et confort balnéaire, cette terre a tout pour vous séduire. Il ne vous reste qu’à tracer votre propre itinéraire.

Flora

Amoureuse et dénicheuses de lieux d’exception