À retenir
- • Plage mythique située sur l’île de Budelli, en Sardaigne
- • Couleur rose due aux fragments de corail et coquillages
- • Accès strictement réglementé pour préserver l’écosystème
- • L’un des joyaux les plus protégés de l’archipel de La Maddalena
- • Interdiction de marcher sur le sable depuis 1994
Il est des lieux dont le souvenir s’accroche à la mémoire comme une fragrance rare : la plage rose de Sardaigne en fait partie. Située sur l’île de Budelli, au cœur de l’archipel préservé de La Maddalena, cette anse surnaturelle, baignée par une mer cristalline, ne se livre qu’aux regards. Elle offre un spectacle d’une délicatesse presque irréelle, une nuance de rose poudré ourlant la courbe d’un rivage vierge, là où le granit se dissout dans le silence.
Une œuvre naturelle née du temps et des coquillages
La première fois que j’ai posé les yeux sur Spiaggia Rosa, j’ai ressenti ce mélange très singulier d’émerveillement et de recueillement. Cette plage ne se dévoile pas comme les autres, elle s’observe depuis la mer ou d’un sentier balisé, tel un trésor préservé par les éléments. Ce rose si particulier, pastel et soyeux, provient de l’érosion millénaire de micro-organismes, de fragments de coraux rouges, de coquillages et de foraminifères qui se sont mêlés au sable blanc. L’ensemble compose une palette unique au monde, douce et infiniment précieuse.
Un écrin strictement protégé depuis trois décennies
L’accès à la plage est aujourd’hui sévèrement réglementé, et c’est heureux. Depuis 1994, les autorités italiennes ont interdit non seulement la baignade, mais aussi la marche sur le sable. Le vol de grains roses par des visiteurs peu scrupuleux menaçait l’équilibre délicat de l’endroit. C’est donc à distance, depuis un bateau ou un point d’observation terrestre, que l’on contemple cette merveille. Le charme, paradoxalement, en est renforcé. Tout ici rappelle que certaines beautés exigent le respect absolu du vivant.
L’île de Budelli, joyau discret du nord de la Sardaigne
Parmi les îles granitiques de l’archipel de La Maddalena, Budelli reste à part. Inhabitée, sauvage, elle semble hors du temps. On y accoste avec humilité, porté par des vents qui ont caressé les pins maritimes et sculpté les rochers. J’ai accédé à l’île lors d’une excursion privée, tôt le matin, lorsque la mer se teinte de reflets ambrés. En marchant sur les sentiers autorisés, j’ai perçu une sensation rare : celle d’un monde intact, silencieux, régi par ses propres lois.
Comment découvrir la plage rose sans la dénaturer
La meilleure manière de vivre cette expérience consiste à embarquer à bord d’un bateau privé ou d’une excursion en petit comité depuis Palau ou La Maddalena. J’ai opté pour un skipper local, amoureux de cette mer Tyrrhénienne, qui m’a raconté l’histoire de Mauro Morandi, l’ancien gardien solitaire de Budelli, qui vécut ici plus de trente ans. Son récit, bercé par le ressac et le vent, m’a rapprochée encore de ce lieu.
Ce que l’on ressent face à la Spiaggia Rosa
Devant cette plage, le silence s’impose. Il y a peu d’endroits sur terre où l’on se sent invité à ne rien faire d’autre que contempler. Le regard se perd dans les dégradés de rose, les reflets turquoise, les courbes naturelles des dunes. J’ai ressenti là-bas un sentiment de gratitude envers ceux qui ont su dire non à l’envahissement, non à l’exploitation. L’émotion, dans ces instants suspendus, l’emporte sur la tentation de photographier, de capter. Le plus précieux se vit, simplement.
Prolonger l’expérience dans l’archipel de La Maddalena
Passer quelques jours dans l’archipel de La Maddalena prolonge magnifiquement cette parenthèse. Je recommande chaleureusement une escale à Caprera, île voisine marquée par la présence de Garibaldi, ou à Spargi, plus sauvage encore. Chaque crique est un monde, chaque baignade un émerveillement. Le soir, de retour à l’hôtel, les images demeurent intenses, et la conscience apaisée. On ne revient pas tout à fait le même de cette rencontre silencieuse avec la beauté la plus rare.
Contempler la plage rose de Budelli, c’est toucher du regard une œuvre naturelle infiniment fragile. Il y a dans cette expérience une forme d’éthique, un appel à ralentir, à regarder sans vouloir posséder. Ce rivage, protégé de nos pas, nous enseigne la retenue, et nous rappelle que le luxe, parfois, réside simplement dans la contemplation silencieuse d’un monde que l’on ne peut que respecter.
Amoureuse et dénicheuses de lieux d’exception