À retenir• Voyager en septembre, c’est fuir les foules et profiter du calme retrouvé
• L’eau reste chaude en Méditerranée jusqu’en octobre
• Les prix chutent dès la fin août sur les vols et les hébergements
• L’arrière-saison révèle l’âme authentique des destinations
• Les amateurs de culture, nature et gastronomie sont comblés
Il y a dans l’air de la fin août une mélancolie particulière, douce et traînante, presque sucrée. Les rires s’étouffent peu à peu sur les plages, les parasols se replient comme autant de chapitres clos, et les villes retrouvent leur calme habituel. Pourtant, alors que beaucoup remballent serviettes et sandales, j’éprouve chaque année cette envie irrépressible de prolonger un peu l’évasion. Pas pour revivre les bains de foule de juillet, ni pour chercher des chaleurs écrasantes, mais bien pour goûter à ce luxe rare : celui de voyager en paix, loin de la cohue. Septembre m’est apparu, au fil des années, comme l’écrin idéal pour des escapades lumineuses. Les prix s’assouplissent, les paysages s’apaisent, la mer reste tiède et les habitants, enfin libérés du tumulte, reprennent le temps de vivre et de recevoir. C’est dans cet esprit que j’ai sélectionné ces destinations, européennes, solaires et apaisées, où prolonger l’été sans l’épuisement du tourisme de masse. Un été tardif, presque secret.
Amorgos fin d’été Je garde en mémoire le silence lumineux d’un sentier caillouteux surplombant les eaux cobalt d’Amorgos, balayé par le souffle chaud du Meltemi. Rien à voir avec le fracas joyeux de Mykonos ou la frénésie organisée de Santorin. Les Cyclades, lorsqu’on s’en éloigne un peu, se révèlent dans toute leur beauté brute et accueillante. À Folegandros, le soir tombe sur Chora comme un voile de lin. On s’y promène lentement, dans une ruelle blanchie à la chaux, en croisant à peine quelques chats et des familles assises devant leur porte.Amorgos paysageSifnos déploie un charme plus raffiné, entre potiers, tavernes élégantes et criques inaccessibles en voiture. Le secret ici, c’est de marcher. Chaque village est un départ de sentier. J’ai gravi la montagne jusqu’au monastère de Hozoviotissa, accroché à la roche comme un défi lancé au vide. Le moine qui m’a ouvert la porte m’a offert un verre d’eau sucrée et un regard franc, comme pour dire : ici, on prend son temps.
Vis croatie En débarquant à Vis, une sensation immédiate m’a saisie : celle d’arriver trop tard… ou peut-être, justement, juste à temps. Cette île fut longtemps interdite aux étrangers, base militaire repliée sur elle-même. Elle en a gardé une beauté intacte, rugueuse, sans excès. L’absence de grands complexes hôteliers et de liaisons fréquentes freine les foules. Tant mieux. Au volant d’un vieux scooter, j’ai exploré ses routes désertes, ralentie uniquement par un troupeau de chèvres ou par l’envie irrésistible de descendre me baigner. La plage de Stiniva s’atteint à pied ou en bateau. Ce matin-là, j’étais seule dans la crique, l’eau translucide frémissant sous la falaise. Le soir, je dégustais un vin Vugava dans une cour pavée, une étoile filante perçant le ciel noir au-dessus de moi. Vis ne cherche pas à plaire : elle existe, simplement, et cela suffit à la rendre inoubliable.
Formentera, l’élégance détendue
Formentera Il y a à Formentera cette légèreté nonchalante qui me séduit à chaque passage. Septembre la transforme : les yachts repartent, les DJs se taisent, les vélos reprennent possession de l’île. Tout devient fluide. Les plages de Ses Illetes sont presque vides à la première heure, leur sable blanc effleuré par une mer turquoise d’une pureté déconcertante. Au Cap de Barbaria, le vent souffle fort mais juste, comme pour balayer le tumulte passé. J’y ai vu des couchers de soleil d’un orange liquide, enveloppant le phare d’un silence presque sacré. Le midi, je rejoignais les petits restaurants au fond des dunes pour y partager une salade de poulpe ou un verre de cava glacé. À Formentera, tout est simple, mais jamais banal. L’élégance n’y est pas affichée, elle s’infiltre doucement dans chaque instant.
Europe du Sud, entre nature et culture sans la canicule
Alentejo, le Portugal en majesté
Alentejo Le Alentejo est vaste, silencieux et généreux. Une mer d’or traversée de villages blanchis, de collines ondoyantes et de routes désertes qui semblent toujours mener quelque part. J’y suis arrivée un soir, à Évora, lorsque les cigognes rentrent au nid. Le lendemain, je parcourais les routes secondaires en direction de la Costa Vicentina. Sur le sentier des pêcheurs, entre falaises vertigineuses et criques sableuses, j’ai retrouvé une liberté oubliée. Les vagues de l’Atlantique offrent ici un ressourcement sans artifice. Plus loin, dans l’arrière-pays, des domaines viticoles familiaux m’ont accueillie avec chaleur. Un vin rouge dense, un fromage affiné, un coucher de soleil sur les champs de liège… et tout semblait à sa juste place. Le luxe discret du Alentejo, c’est sa vérité brute.
Ostuni En foulant les pavés blancs d’Ostuni à la tombée du jour, un verre de Primitivo à la main, je me suis dit que l’Italie avait rarement été aussi suave. Septembre transforme les Pouilles. Les plages du Salento s’ouvrent, les marchés se remplissent de tomates mûres et de burrata crémeuse. À Alberobello, j’ai dormi sous un toit conique en pierre, bercée par le chant des grillons. À Lecce, je me suis perdue dans l’ombre dorée des palais baroques, fascinée par cette ville encore méconnue, mais riche en beauté. Il faut prendre le temps de manger, de parler, d’errer. Là réside l’âme des Pouilles : dans cette sensualité tranquille du quotidien.
L’Andalousie intérieure, l’éclat retrouvé
Alcazar Séville, au cœur de septembre, n’est plus écrasée par le soleil. L’ombre des orangers borde les ruelles, et la lumière caresse les azulejos. L’Alcazar se découvre avec lenteur, sans la foule compacte des hautes saisons. À Cordoue, j’ai franchi les arches rouges et blanches de la Mezquita avec une émotion sourde, comme si l’histoire me murmurait à l’oreille. Grenade, elle, m’a éblouie à l’aube, lorsque l’Alhambra s’embrase de rose et d’ambre. Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est cette vie espagnole des patios fleuris, des marchés couverts, des tapas prises au comptoir. Un verre de fino, un regard complice, un pas de flamenco volé dans une taverne. L’Andalousie ne s’explique pas. Elle se vit, à voix basse.
Les bienfaits d’un été prolongé
Destination fin d’été Partir après le tumulte, c’est s’offrir un luxe rare : celui d’être ailleurs sans être pressé, de découvrir sans être bousculé. Septembre permet cela. Les hôteliers baissent leurs tarifs, les billets deviennent plus accessibles, les locaux plus disponibles. Le climat, encore estival, se fait clément. L’eau, réchauffée tout l’été, garde une douceur qui prolonge les baignades. Et surtout, les lieux respirent à nouveau. C’est à ce moment-là que surgit souvent la magie : un échange inattendu, une plage vide au lever du jour, une ruelle paisible dont on tombe amoureux sans prévenir. C’est dans ces détails que réside la beauté d’un voyage hors saison.Quand la grande migration estivale s’achève, une autre manière de voyager s’ouvre. Plus intime, plus douce, plus sincère. À travers les Cyclades reculées, les îles oubliées, les terres méditerranéennes à l’état brut, j’ai retrouvé une forme de plénitude que je n’éprouve jamais au cœur de l’été. Cette sélection n’est qu’un aperçu. Il existe mille manières de prolonger l’évasion, même à quelques heures de chez soi. Et vous, où partez-vous pour votre dernière bouffée d’été ?
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